Accueil A la une Certe | Programme de valorisation des Ressources en eaux non Conventionnelles en Tunisie : Pour une gestion intelligente de l’eau

Certe | Programme de valorisation des Ressources en eaux non Conventionnelles en Tunisie : Pour une gestion intelligente de l’eau

L’optimisation de l’exploitation des ressources en eau grâce aux nouvelles technologies de traitement innovantes, durables et économiques, va permettre de réduire la consommation d’eau potable. Plus encore.

Le Centre de recherches et technologies de l’eau (Certe) a organisé récemment, à la Bibliothèque Nationale de Tunis, une conférence internationale autour du Projet Nawamed. L’acronyme en anglais signifie ‘’Solutions basées sur la nature pour la réutilisation des eaux domestiques dans les pays méditerranéens’’.

Il a notamment pour objectifs la protection de l’environnement, l’adaptation et l’atténuation du changement climatique avec une priorité accordée à l’efficacité hydrique. Il est destiné aux pays du pourtour méditerranéen à savoir l’Italie, la Tunisie, la Jordanie, Malte et le Liban.

En relation directe et étroite, le projet Medwaycap a été, également présenté. Ce sont là deux projets en matière d’optimisation dans la gestion de l’eau, dont la Tunisie doit savoir tirer profit, surtout avec la raréfaction des ressources en eau à cause des effets néfastes du changement climatique.

Au préalable, les organisateurs ont procédé à une cérémonie d’ouverture de l’exposition du projet Medwaycap sur la valorisation des eaux non-conventionnelles. Pour rappel, cet événement international associe les projets Medwaycap et Nawamed. L’objectif principal de cet événement est de poursuivre le débat initié par le Certe, avec les différentes parties prenantes et de continuer à partager les expériences et les connaissances autour de l’eau non-conventionnelle.

Étendue du Projet Nawamed

Dans les pays méditerranéens, la consommation en eau domestique ne représente qu’une partie infime et mineure de la consommation d’eau. En effet, une quantité beaucoup plus importante est utilisée pour l’irrigation mais elle requiert une bonne qualité et la demande ne cesse d’augmenter, tout comme l’amélioration du mode de vie et la croissance de la population urbaine. De plus, les eaux urbaines restent la principale cause de pollution des rivières et des nappes phréatiques, même lorsqu’elles sont traitées avant leur rejet.

L’utilisation d’eau par habitant peut être considérablement réduite en utilisant des ressources en eau non conventionnelles (Renc) à des fins non potables : les eaux grises (et les eaux de pluie lorsqu’elles sont disponibles) peuvent être réutilisées pour l’irrigation et les toilettes, mais nécessitent la mise en œuvre de systèmes de traitement décentralisés servant un ou plusieurs bâtiments.

Nawamed vise à modifier les pratiques de gestion des eaux urbaines à travers des technologies de traitement innovantes, durables et économiques, applicables de manière décentralisée, afin de remplacer l’utilisation d’eau potable par des Renc de bonne qualité.

Cotes de gestion de l’eau    

Durant les échanges d’expériences, plusieurs problématiques ont été posées tour à tour. Au cours des interventions en plusieurs langues, un expert français a rappelé notamment le rôle des municipalités dans le changement des réseaux de conduction d’eau comme dans le cas des eaux pluviales. Il affirme : «Par exemple, l’installation d’un nouveau câblage coûte très cher, si bien qu’on ne calcule que le coût d’acquisition, mais on omet de calculer le coût d’utilisation dans la durée».

De son raisonnement, on retient qu’il faut anticiper et prévenir la baisse drastique des réserves, d’eau et ‘’entamer un projet aujourd’hui, quand bien même le réseau va coûter moins cher que s’il est exécuté demain’’. Un peu comme dans les acquisitions de biens immobiliers. Il faut commencer ou acheter et très vite…

A cause de la pérennité dans le temps de ce genre de projet. Il est important pour les habitants des nouveaux, quartiers de travailler avec les syndics urbains, par exemple pour rationaliser à la source la consommation en eau. « Dans la récupération des eaux, il y a une importance dans la préparation du circuit qui arrive aux réseaux pour être traité localement ». Il évoque une influence à établir des opérateurs publics et gouvernementaux.

On pense à l’origine de l’eau. Souvent 30% d’origine pluviale. Il faut revoir la façon de consommer de l’eau et même cette relation à l’eau. On n’agit pas sur l’eau de façon optimale mais on doit penser à valoriser cette relation. L’idée n’est pas d’installer des réseaux avec des compteurs à tour de bras, mais il s’agit d’adapter les projets à cette utilisation nouvelle et revisitée de l’eau.

En parallèle, il faut travailler à ce que les municipalités recrutent des compétences pour l’implémentation de grands projets en eaux avec la récupération des eaux thermales et de vrais spécialistes sur la question qui vont faire avancer les choses.

Cas spécifique de la Jordanie

La réutilisation non conventionnelle de l’eau dans l’agriculture des pays méditerranéens d’après le Centre national de recherche agricole [Narc] à Naem Mazahrih en Jordanie est une solution innovante pour augmenter l’efficacité de l’utilisation de l’eau d’irrigation. Elle sera testée sur une superficie de 4 hectares, avec la participation de 9 agriculteurs qui cultivaient des cultures de forge à proximité de la station d’épuration de Ramtha.

L’irrigation de surface entraîne une perte de ressources en eau en raison de la forte évaporation de la surface du sol et de la percolation profonde. Parce que les eaux usées traitées contiennent un taux élevé de sodium qui entraîne un risque accru de réduction de la perméabilité de la surface du sol. De plus, l’irrigation avec des eaux usées traitées augmente la possibilité de contamination des eaux souterraines avec des polluants tels que les nitrates. Les agents pathogènes des plantes se sont multipliés à la surface des plantes et deviennent plus polluants en raison du contact accru entre la plante et les eaux usées traitées sous irrigation de surface.

Le projet Menwara à la station de recherche de Ramtha (Narc) améliorera la qualité de l’eau et changera la méthode d’irrigation dans une partie des fermes de la surface à la technique souterraine pour réduire la quantité de perte d’eau résultant de l’évaporation jusqu’à 50 % et réduire la quantité de perte d’eau en tant que résultat de la percolation profonde grâce au programme d’irrigation et ajuster la quantité d’eau d’irrigation en fonction des stades de croissance des plantes. La technologie d’irrigation souterraine facilite les opérations agricoles en introduisant des machines agricoles dans le champ à tout moment.

La méthode s’est articulée autour d’une unité de filtration composée d’un filtre à sable, d’un traitement de l’eau par rayonnement ultraviolet et d’un bassin de chloration qui a été installée. Ce qui assure une bonne qualité d’eau exempte de polluants et d’impuretés, avec un débit de rejet estimé à 62,5 m3/heure qui sera distribué sur 9 sites de parcelles expérimentales dans les champs des agriculteurs, où le projet Menwara installera un réseau d’irrigation souterrain à une profondeur de 25 cm sous le sol à l’aide d’une machine spéciale conçue et fabriquée localement en Jordanie à cet effet, pour 0,5 hectare de chaque champ pour 9 agriculteurs pilotes afin de le comparer aux méthodes traditionnelles d’irrigation de surface utilisées dans leurs exploitations.

Cette mesure réduira la pression sur les sources d’eau douce du secteur agricole et améliorera la qualité des eaux usées traitées (EEU) en agriculture en concevant les systèmes de post-traitement les plus appropriés pour chaque zone d’intervention et en promouvant une agriculture durable.

La Tunisie est désormais partie prenante et grand acteur des enjeux régionaux en matière de rationalisation des ressources en eau. A ce titre, les projets de désalinisation même s’ils coûtent très cher risquent de se mettre en place dans un futur proche à cause du déficit pluviométrique et de la menace de sécheresse en Tunisie.

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